Et la fièvre disparaît enfin...

L'infirmière avait raison. J'ai eu beaucoup de difficultés pour m'endormir, à cause des corticoïdes pris hier en fin de journée. J'ai veillé jusqu'à deux heures du matin, alternant les activités :  télé, musique, ordinateur, lecture.

Ce matin, je n'ai plus du tout de fièvre : 36,4°C !!!
A 8 heures, ne voyant pas mes anti-rejets arriver, je vais à la rencontre de l'infirmier.
C'est quand même incroyable qu'il faille réclamer ses médicaments ! Si je rate l'horaire, cela peut avoir des conséquences... Comme hier soir, j'ai 4mg de Prograf et 1g de Cellcept. Je prends aussi du Cortancyl (17,5 mg) et du Solumedrol par perfusion.

Ce matin, mon transit s'est débloqué : je suis enfin allé à la selle ! J'ai donc rempli le pot, pour les analyses attendues depuis plusieurs jours.

Je suis gâté au petit-déjeuner : deux pains ! Je les avale, même si je crains ne plus avoir très faim ce midi...
Mon plus vieil ami, C, m'appelle. Il viendra me voir mercredi prochain. Je m'en réjouis !

A midi, je mange tout mon plateau déjeuner, une vraie prouesse ! Et je prends un complément alimentaire pour le goûter.
La diététicienne me recommande une voire deux bouteilles de Fortimel (complément alimentaire) par jour, pour m'aider à me rétablir, d'autant plus que je ne mange pas toujours en quantité suffisante... généralement, parce que le contenu des repas n'est pas à mon goût...
Chaque jour on me fait choisir parmi une liste, mais c'est une nourriture basique, insipide... La quantité est là, la diversité des produits aussi ; des repas équilibrés en somme (entrée, plat, laitage, dessert), mais des produits peu appétissants.

L'après-midi, je reçois la visite d'A, une collègue et amie. Elle nous avait rejoint en vacances, l'été dernier, l'été où j'ai définitivement perdu la santé... Elle m'offre une bande-dessinée, "Shutter Island" (réalisée par Christian de Metter et Denis Lahane, aux éditions Casterman), d'après le roman. Une adaptation cinématographique vient de sortir. Un thriller étrange et inquiétant, et une fin inattendue !

Le docteur D, l'hépatologue qui m'avait reçu après ma crise de l'été dernier, vient me voir dans l'après-midi, pour me parler du problème actuel de rejet. Le bilan sanguin ne montre pas d'amélioration pour le moment, mais c'est trop tôt, le traitement de choc ayant débuté seulement hier soir. En fait, les médecins se donnent trois jours pour constater une amélioration. Lorsque le docteur D aperçoit la BD sur mon lit, il me dit que c'est un bon choix. Il l'a déjà lue, ainsi que d'autres de la même collection, qu'il me recommande. C'est sympa de pouvoir parler avec un médecin d'autres choses que de problèmes de santé.

Ma compagne, qui nous rejoint, me donne mon courrier. J'ai reçu plusieurs cartes depuis que je suis à l'hôpital, de la famille, d'amis et de collègues. C'est avec grand plaisir que je les découvre. Je ne manquerai pas de leur répondre dès que je serai chez moi.

En fin de journée, ma mère et son compagnon passent me voir. Ils me rapportent mon linge, que ma mère récupère à chacun de ses passages pour le laver. Et également un morceau de tarte aux pommes faite maison. Cela a du bon d'avoir une mère à ses côtés dans les moments difficiles, même si elle me harcèle systématiquement avec les mêmes questions (est-ce que je mange bien, qu'est-ce que je mange...). J'essaie d'éviter le sujet, cela me stresse, je lui demande d'ailleurs d'arrêter de poser toujours les mêmes questions. En vain...

Je parle à mes proches du problème de rejet que les médecins essaient de contrecarrer avec les médicaments. Je leur fais part bien évidemment de mon inquiétude. Ils se montrent rassurants, me disent que cela va s'arranger, qu'il faut que je reste combatif. Ils ont raison, je ne dois pas baisser les bras, ne pas envisager le pire des scénarii. Je suis un "survivor", me répète ma compagne, alors je vais passer cette épreuve et tout va rentrer dans l'ordre. Ma mère me dit qu'elle a confiance.
Je n'ai pas fait tout ce chemin pour rien, je veux vivre, retrouver mon chez-moi, ma vie avec ma petite femme, être plus gentil que jamais avec elle, retrouver mes amis et passer bons moments avec eux, retrouver mes collègues et mon travail.