Il fallait que je lui dise...

Ce soir, avant de nous endormir, il fallait que je lui dise. Il fallait qu'elle sache.

Et si la greffe ne prenait pas suffisamment bien?
Et si cette complication persistante devait m'emporter ?

Ce sont des choses auxquelles je ne peux m'empêcher de penser.

Avant la greffe, je voulais écrire un mot.
Un mot pour ma famille, mes parents, ma soeur, mes amis...
Et surtout un mot pour ma compagne.
Leur dire que si je m'endormais pour toujours, cela me convenait.
Ma vie a été bien remplie jusque là.
J'ai traversé diverses épreuves, avec courage je pense.
J'ai arraché à la vie ce que je voulais qu'elle me donne.
Lentement je me suis construit la vie dont je rêvais.
Et ma compagne actuelle m'a tant apporté.
Si je devais m'endormir pour toujours, cela serait en paix.
Bien sûr, je préférerais savourer encore des années ce bonheur.
Mais si je devais m'endormir, alors il ne faudrait pas être triste pour moi.
Je ne regrette rien.

J'avais peur que ma compagne ne surmonte pas ma disparition.
Alors je voulais qu'elle sache qu'il y a une vie après moi, une vie sans moi.
Que le destin nous a réunis, et qu'elle m'a tant comblé, le temps que nous avons partagé.
C'est une chance pour moi de l'avoir connu avant de partir.
Je veux qu'elle soit fière d'elle et heureuse de me savoir en paix.

C'est ce que je voulais lui dire.

C'est ce que je lui ai dit.